lundi 22 juin 2020

S'ouvrir pour ne pas mourir. Mais à quel prix?


S’ouvrir pour ne pas mourir, mais à quel prix ? De l’éthique de la mondialisation.*
     
      Notre planète terre est perçue aujourd’hui comme un village. Ce qui se passe à l’un des bouts du village concerne aussi l’autre bout du village. Ce village planétaire forme la société mondiale. Or, nous savons que toute société tient et se développe quand ses membres, à une période donnée de l’histoire de cette société, vivent et agissent conformément à un ensemble de prescriptions retenues comme nécessaires à la bonne marche de ladite société et au bien de chacun de ses membres. Chaque société a donc sa morale. (on n’oubliera pas le fait que certaines théories morales considèrent qu’il y a une morale universelle basée sur l’évidence qu’il y a dans chaque être humain l’idée du juste, du bien et du mal. En ce sens, on peut parler d’un ensemble des règles de conduite tenues pour inconditionnellement valables en tout temps et en tout lieu). Puisque la planète bleue regroupe toute une panoplie de sociétés aux us et coutumes divergents, il appert qu’il soit nécessaire d’avoir un modus vivendi recherchant le bien de chacune des sociétés et de leurs membres. Ce qui est certain, c’est que tout être humain, où qu’il soit, est un être moral, c’est-à`dire a une conception du bien.

      Pour parler de ce village planétaire, deux termes sont en vogue : mondialisation et globalisation. Pour beaucoup, « la catégorie de la mondialisation reste confuse »[1]. En ce qui nous concerne, nous utiliserons l’un et l’autre pour signifier la même chose. De plusieurs définitions que l’on pourrait avoir pour ce terme, je conçois la mondialisation comme l’ouverture des cultures les unes aux autres dans le domaine économique, technoscientifique, politique, culturel, social, etc. grâce aux moyens de communication et aux nouvelles techniques de l’information et de la communication (NTIC). C’est donc l’interdépendance des nations dans tous les domaines de la vie. Cependant, le danger qui guette l’humanité aujourd’hui est celui de réduire la mondialisation en termes économiques, en termes d’échanges commerciaux. Tout se joue en termes du rapport du donner et du recevoir commercial entre les peuples : la banane de la Colombie peut être mangée à Rome et le lait chinois (à la mélamine) peut contaminer aussi l’enfant d’un Mbororo du Soudan du Sud en villégiature vers Dungu en R.D. Congo.

      On peut retracer l’origine de la mondialisation au XVIè siècle avec la découverte du « nouveau monde » par « l’ancien monde ». La différence avec la mondialisation aujourd’hui, c’est « ‘l’émancipation’ et ‘l’autonomie’ par rapport à la tutelle religieuse, politique et éthique. Autrement dit, l’économique s’émancipe du contrôle politique et éthique tandis que la société opte pour donner priorité à la réussite économique ici-bas, plutôt qu’au salut de l’au-delà »[2]. L’homme est réduit à n’être qu’un homo oeconomicus. « La mondialisation actuelle, ce ‘processus géohistorique d’extension progressive du capitalisme à l’échelle planétaire’, selon la formule de Laurent Carroué, est à la fois une idéologie – le libéralisme - , une monnaie – le dollar - , un outil – le capitalisme - , un système politique – la démocratie -, une langue – l’anglais »[3]. Monique Dumais abonde dans le même sens en disant qu’  « en effet, la mondialisation est devenue un fait social ; à la fois recherchée et honnie, elle s’inscrit dans un processus qui entraîne beaucoup de peurs. Il apparaît très lié au développement du capitalisme, qui était vu comme internationalisation du capitalisme. Ainsi, la mondialisation désignerait une intensification, un approfondissement de processus déjà agissants à la fin du siècle dernier »[4].

      Puisque membres d’une société, fut-elle planétaire, nous avons besoin des règles pour vivre dans la dignité. Quand une société vit sans règles, il y a péril en la demeure. Aujourd’hui, la plupart d’économistes et politiques d’un capitalisme libéral se rendent compte que l’absence des règles « humaines » a conduit à l’avidité de certains banquiers pour un profit éhonté. La conséquence c’est la crise financière actuelle qui – par le fait de la mondialisation – touche tous les coins du monde. Le taux de croissance, même pour le géant chinois, se ralentit. On considère alors qu’il faut une moralisation du système bancaire. Les caciques du libéralisme économique trouvent qu’on tue là le cœur même du capitalisme en réduisant ce dernier au socialisme. Ce qu’il faut donc noter c’est que la crise financière mondiale actuelle montre à suffisance les limites d’un capitalisme qui ne veut rien entendre des normes morales pour réguler les bourses et les échanges commerciaux. Même si la mondialisation est perçue surtout sous l’aspect économique et technique, on ne peut oublier qu’elle est articulée à l’ensemble des autres dimensions de la vie sociale, politique, idéologique et culturelle. La mondialisation lance non seulement un défi culturel mais aussi un défi éthique. Le vivre en commun de la mondialisation nécessite l’élaboration d’éléments de culture commune. Ainsi, « le rapport de la mondialisation à l’éthique n’est pas une question secondaire, mais centrale, car d’elle dépend la réussite de la mondialisation »[5].

      Il est évident aujourd’hui que parler de la mondialisation, c’est avant tout parler de la mondialisation du capitalisme. La chute du mur de Berlin a été perçue comme le déclenchement du capitalisme qui se mondialise. La grande question que nous devons nous poser est celle de savoir si la mondialisation intègre réellement tout le monde. Un seul monde signifie-t-il un monde pour tous ?[6] Notre monde d’aujourd’hui est un monde fragile et menacé. Edouard Herr pose une bonne question : « comment apprécier humainement ce que nous créons et détruisons dans le processus du capitalisme mondialisé »[7].

      La mondialisation nécessite une théorie éthique. L’avancée dans plusieurs domaines de la vie humaine ne peut laisser de côté la morale. Tant que les êtres humains continueront à agir, la morale restera une nécessité en tant qu’elle est le pouvoir régulateur de leur agir. « … Avec les capacités du discours, de la pensée et du sens social qu’il a apprises de son propre chef, l’homme construit une demeure pour son être humain authentique – à savoir l’artefact de la cité… L’homme est le créateur de sa vie en tant que vie humaine »[8]. Notre projet dans ces lignes est de dégager certaines valeurs que nous considérons indispensables pour la mise en place d’une vraie société mondiale. Nous n’avons nullement la prétention de relever l’ensemble de ces valeurs. Pour notre propos ici, nous considérons que le respect, la responsabilité et la solidarité constituent le socle du village planétaire – permettant ainsi à chaque peuple mais aussi à chaque individu de vivre dans la dignité.

      Nous considérerons ces valeurs sous deux angles : au plan international et au plan national. Chacun de ces éléments sera développé à ces deux niveaux.

1.      Au plan international

      Nous n’avons qu’un seul monde et nous le partageons. La misère sociale et le manque de liberté de la gande majorité de la race humaine peuvent devenir une vraie bombe à retardement pour la sécurité de l’humanité. Nul ne peut plus ignorer l’impact positif ou négatif que peut avoir le comportement d’une nation sur les autres nations du monde (le soupçon qui pèse sur la Chine aujourd’hui dans le déclenchement du Coronavirus est un exemple éloquent). L’agir de toute nation du monde doit prendre en compte le fait de la mondialisation. Qui aurait imaginé l’ampleur qu’a prise la pandémie du Coronavirus dans le monde entier ! C’est pourquoi, un comportement visant la dignité de tout homme, de tout l’homme et de tous les hommes doit répondre aux critères de respect, de responsabilité et de solidarité.

1.1.  Le respect

      « Dans le contexte de la mondialisation, la question de la liberté se pose, surtout sur le plan culturel. La pensée unique est devenue une autorité qui met en tutelle l’imagination pour l’orienter dans une seule direction. La créativité est brimée, les traditions s’effritent, c’est le risque d’une perte d’identité »[9]. La mondialisation ébranle donc les peuples dans leurs mondes et dans leurs cultures. C’est le choc des cultures. Mais telle qu’elle est conçue aujourd’hui, on se rend compte que la mondialisation est inspirée du système néolibéral et tend à réduire toute l’humanité dans un seul système économico-technique. Le principal régulateur du système, c’est le marché qui veut être indépendant du contrôle des Etats. Les multinationales font pression sur les Etats pour que ceux-ci prennent des décisions favorables à leurs intérêts. Comme on peut le constater, la mondialisation c’est la mondialisation du capitalisme ; et cette mondialisation-là véhicule « une culture dite ‘occidentale’, souvent confondue avec le christianisme, qui apparaît comme menaçante, fascinante – dans une sorte de relation haine-amour – et hégémonique. Le paradoxe est dès lors le suivant. La mondialisation suggère, de manière parfois illusoire et idéologique, l’intégration des diversités dans une unité. Or, au niveau des cultures, la mondialisation effective risque de nous mettre devant un dilemme : le capitalisme mondial va-t-il laminer les autres cultures et réduire l’unité mondiale à une uniformisation par la culture libérale, productiviste et consumériste ? Ou au contraire, allons-nous assister à un choc frontal des cultures, avec des conflits et des guerres ? (Les menaces américaines et européennes de représailles commerciales contre la Chine en sont un exemple). Soit une unité sans diversité, soit une diversité sans unité »[10]. Une mondialisation qui prétendrait arriver à une uniformité ne peut que retrouver une absence de compréhension entre cultures et même un affrontement. La conséquence sera alors une société humaine nivelée, réduite et éclatée. Le récit de la tour de Babel (Gn 11, 1-9) est un exemple d’uniformisation qui porte à la catastrophe. La mondialisation ne peut réussir que quand les cultures se comprennent et se respectent ; la construction d’une vraie mondialisation sera le fruit d’un sentiment d’appartenance à une unité plus universelle et plus profonde. Le récit de la Pentecôte dans les Actes des Apôtres (Ac 2, 1-13) est un exemple d’universalisation où la capacite de communiquer à toutes les cultures est concluante[11]. Pour réussir, la mondialisation doit éviter toute tendance de déstabilisation et de confrontation des cultures. Chaque culture devra se sentir valorisée et à même de porter sa contribution dans ce village planétaire. Bref, « la compréhension universelle et l’unité s’élaborent à partir de la diversité et donc de la singularité »[12]. Comme toute personne humaine, chaque culture est unique et a sa valeur propre. La mondialisation doit respecter l’ensemble des qualités et des droits de la personne humaine. Cela signifie le respect de tous les hommes et de tout homme dans son originalité.

      Bref, la mondialisation ne pourra réussir que quand il y a respect d’autres cultures différentes de la nôtre. Les grandes puissances ( ! Le coronavirus a montré la fragilité de tous les pays, riches et pauvres) doivent éviter tout boulisme tendant à imposer une seule vision du monde, une seule façon de penser. Car tel que les choses se passent aujourd’hui, « la mondialisation a à la fois des centres d’impulsion et de périphéries, intégrées ou au contraire délaissées. Les espaces moteurs de la mondialisation appartiennent à l’ ‘archipel métropolitain mondial’, une toile de grandes mégapoles, essentiellement localisées au sein de la triade (Etats-Unis, Europe, Japon), qui sont reliées entre elles par des réseaux »[13].

1.2.  La responsabilité

      La mondialisation, si l’on y prend garde, peut nous amener à une destruction de notre espace vital ; or nous n’avons qu’une terre (notre maison commune, pour utiliser l’expression du pape François dans Laudato Si) et nous ne saurons nous permettre de la détruire. Il faut donc sauver la terre de toute tendance destructrice de l’homme, de tout capitalisme sauvage. « La mondialisation étant de facto la mondialisation du capitalisme, celle-ci peut être définie comme un ‘processus de destruction créatrice’ qui s’avère efficace dans l’acquisition du pouvoir et de la richesse et qui peut donner à la liberté les moyens de se réaliser. Encore faut-il que la mondialisation soit véritablement universelle – qu’elle intègre tout homme –, qu’elle soit intégrale – qu’elle respecte tout l’homme – et qu’elle soit conçue comme un moyen ordonné à sa fin »[14]. Ceci nécessite, de la part de chaque peuple, le principe de responsabilité. Cela signifie une responsabilité dans le respect des autres peuples, dans le respect de l’univers en utilisant la nature à bon escient (le réchauffement climatique et les manipulations génétiques incontrôlées, par exemple, sont des problèmes qui devraient interpeller toute conscience humaine). Cette responsabilité incombe tant aux hommes politiques dans leurs décisions, qu’aux acteurs de développement (scientifiques, économistes, agronomes…) dans le choix qu’ils opèrent. Comment opérer des choix politiques et/ou scientifiques qui mettent en danger la planète – sans élan de solidarité pour les générations à venir ! La politique et le développement qui ne réduiraient l’homme qu’à la recherche des satisfactions des besoins vitaux sont à rejeter. Car un autre danger qui nous guette aujourd’hui c’est celui de « Prométhée déchaîné de la technique moderne »[15].

      Puisque l’action est imprévisible et irréversible, un nouveau type de morale devrait tenir compte non seulement de l’aujourd’hui de l’action mais aussi du futur de ses conséquences. Avec la mondialisation, l’éthique ne peut plus se réduire aux seuls confins du je-tu proche physiquement, aux limites d’une nation. L’éthique de la mondialisation doit tenir compte du grand village planétaire où les turpitudes d’un individu à Hawaï peuvent avoir des impacts sur le paysan de Dibaya-lubwe en R.D. Congo. La crise financière américaine est une preuve éloquente. L’irresponsabilité et l’avidité des boursiers de New York n’affectent pas seulement l’enfant de Kansas City mais aussi celui d’Owando au Congo Brazzaville. C’est ainsi que Hans Jonas nous invite à ne pas négliger l’émergence de la technique moderne et les conséquences de nos actes. « Le Prométhée définitivement déchaîné, auquel la science confère des forces jamais encore connues et l’économie, son impulsion effrenée, réclame une éthique qui, par des entraves librement consenties, empêche le pouvoir de l’homme de devenir une malédiction pour lui »[16].

      Nous disons avec Hans Jonas qu’ « un impératif adapté au nouveau type de l’agir humain et qui s’adresse au nouveau type de sujets de l’agir s’énoncerait à peu près ainsi : ‘Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la Permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre’, (…) ‘Agis de façon que les effets de ton action ne soient pas destructeurs pour la possibilité future d’une telle vie’ ou encore ‘Inclus dans ton choix actuel l’intégrité future de l’homme comme objet de ton vouloir’ »[17]. Cet impératif, bien que s’adressant primordialement à la politique publique, concerne aussi la conduite privée de toute personne dans la société. Il nous faut devenir prudent pour éviter de mettre la planète en péril.

1.3.  La solidarité

      La mondialisation nous fait atteindre les limites du monde ; il n’y a plus un « ailleurs » où aller en cas de catastrophe. Nous atteignons les confins de notre monde. Avec la mondialisation surgissent les questions des mouvements démographiques, de l’environnement, des ressources non renouvelables, des changements climatiques, de développement durable. Cette limite, cette finitude, s’interroge Edouard Herr, ne devrait-elle pas devenir une ouverture à d’autres « mondes », à d’autres dimensions : la spiritualité, la solidarité et l’interculturalité ? Car, « un monde enfermé sur lui-même risque de dégénérer dans une lutte incessante pour la puissance, la domination et la richesse »[18]. Vivre dans la solidarité avec d’autres amenera les pays développés à éviter des politiques iniques. Être solidaire de la situation des autres peuples, c’est être à mesure de dénoncer et combattre toutes les pratiques qui tendraient à déshumaniser la personne humaine – indépendamment de sa race, de ses origines, de sa religion, de son genre. La tendance actuelle de la mondialisation est celle d’un affrontement des cultures. Cet affrontement, là où les autres cultures ou les autres hommes sont perçus en rivaux et non en sœurs ou frères, peut devenir à la longue une lutte à mort si le processus demeure incontrôlé.

      Le libéralisme économique qui prône le profit pour le profit ne peut soutenir la solidarité comme une éthique de la mondialisation. C’est l’individualisme qui est son credo. Il est aujourd’hui démontré que la libéralisation des marchés n’est pas la potion magique pour parvenir à la croissance économique des pays sous-développés (maintenus dans le sous-développement) et à la réduction de la pauvreté. Les règles morales doivent entrer en ligne de compte pour arrêter la paupérisation de la grande majorité de l’humanité et réduire les inégalités sociales dans le monde. Comment les pays développés pourront-ils parler de la mondialisation du marché quand il y a un protectionnisme mis en place pour que les produits venant des pays sous-développés n’entrent pas dans leurs marchés ? Comment parler de la mondialisation quand les agriculteurs de certains pays sont subventionnés et deviennent ainsi compétitifs par rapport à nos agriculteurs qui ne produisent que quelques sacs de maïs ou d’arachides dont la qualité est vue avec dédain par les grandes puissances ? Les grands fixant et le prix des matières premières et celui des produits manufacturés.

2.      Au plan national

      Il faut combattre « l’éthique ya lopele »[19]. C’est depuis des décennies maintenant que l’argent est injecté sous forme d’aide au développement. D’aucuns se demandent à quoi sert l’ajustement structurel quand le résultat sur terrain va de mal en pis. Le problème congolais, pourquoi pas africain, comme n’a cessé de le démontrer plusieurs études, c’est aussi, et peut être surtout, un problème moral. Parler de morale, c’est reconnaître certaines valeurs fondamentales qui doivent guider la vie des êtres humains et en reconnaître l’importance. Quelles sont nos valeurs aujourd’hui ? Selon Hanna Arendt, la perte de trois piliers de la vie (religion, autorité et tradition) a conduit au désastre actuel. La vie du muntu a été basée sur la vie sprituelle (le lien avec Dieu et avec les autres), la tradition et l’autorité (des aînés). Mais peut-on aujourd’hui donner aux jeunes la tradition morale des aînés congolais depuis l’indépendance ? Telle est la grande question que nous nous posons.

      Le problème moral congolais est cette tendance à tirer tout vers le bas, ce que j’appelle « éthique ya lopele ». Et quand on nivelle tout vers le bas, il y a une anarchie tant politique, économique, sociale, sexuelle qu’académique. En divisant l’homme en trois parties (la tête, le ventre et le sexe), la morale congolaise actuelle oublie la personne humaine comme être doué de raison, pour ne voir en elle que l’être qui mange et se reproduit. Tout se fait en fonction du ventre et du sexe. Ce que l’on fait, on le fait en fonction de l’immédiateté et non en fonction d’un futur – même proche. Tous les moyens sont bons pour atteindre cet objectif du ventre et du sexe. L’être humain réduit au ventre et à la reproduction est un être réduit à l’état végétatif ; il n’y a plus rien d’humain en lui. C’est le manque de pensée et d’esprit de profondeur qu’Arendt qualifie de banalité du mal. C’est aussi la perte de toute idée de responsabilité. « Notre société est malade de fausses valeurs imposées ou non combattues ; celles de l’avoir, du pouvoir et du jouir. Des sous-produits promus au rang d’idéaux. Ces fausses valeurs produisent naturelllement individualisme, recours aux pires moyens négateurs de la dignité humaine, mépris de la vie humaine et finalement rejet de tout consensus et dislocation des sociétés »[20]. Autrement dit, quand l’éthique ou l’idéal du bien n’est pas au rendez-vous de la vie de chaque jour, le danger est certain. Pour ceux qui vivent sans considération éthique, pour reprendre l’expression de Saint Paul, « ils vont tous à leur perte. Leur dieu, c’est leur ventre, et ils mettemt leur gloire dans ce qui fait leur honte ; ils ne tendent que vers les choses de la terre » (Phil 3, 19).

      Pour un renouveau moral dans ce nouveau cadre de la mondialisation, les mêmes valeurs abordées plus haut doivent être retenues au niveau national – même s’il faut leur donner un autre contenu.

2.1.  Le respect

      L’être humain, comme nous le savons, est un mit-sein (un être-avec) ; il n’est pas un îlot ou un vase clos mais un network (un réseau) de relations qui se répand continuellement. Comme le dit si bien Arendt, par sa venue au monde, tout être humain commence toujours quelque chose de nouveau et d’imprévisible. Tout nouveau né incarne unicité et irréductibilité. L’humanité ne peut jamais être uniforme. La diversité c’est la condition  primaire de l’universalité (Popper, The open society and his ennemies). Mais cette unicité se joue dans un monde, un monde que l’on partage avec les autres. C’est pourquoi la liberté ne peut jamais être absolue. Absolutiser la liberté c’est renoncer définitivement d’entrer dans le monde comme être humain. « Dans le moi de l’autre il y a une limite pour mon agir, limite nécessaire pour la moralisation de mon essence »[21]. C’est pourquoi, « dialoguer signifie voir dans l’autre, un individu plein de valeur, qui comme moi a droit à la liberté, une liberté qui s’épuise dans ma liberté. Le fini n’est pas seulement un fait ontologique mais surtout moral »[22]. Le vrai dialogue est garanti par la communauté politique dans la mesure où elle permet à la personne d’actualiser ses potentialités proprement humaines. La démocratie repose sur les valeurs de liberté et d’égalité. Elle suppose une adhésion des citoyens éclairés, responsables, participants actifs à la chose publique, cette res publica qui nourrit, par le débat, la pensée libre dans la solidarité.

      Dans ce village planétaire, une des exigences est celle de la démocratisation de nos institutions politiques. L’Afrique ne peut rester hors jeu. L’Afrique doit permettre à chacun de ses fils et filles l’espace d’apparence que d’aucuns appellent même espace de dissidence ; autrement dit, les politiques doivent permettre à d’autres membres de la polis d’avoir une opinion différente de la leur. Permettre l’espace de dissidence, c’est créer l’espace de liberté et de révélation du qui de chaque membre de la société. Respecter l’autre, dans ce contexte, c’est admettre d’entendre un autre son de cloche même s’il est différent de celui que j’aimerais entendre.

      Le respect dont l’Afrique devra faire montre, c’est aussi celui de la loi fondamentale de nos différents pays. Il faut non seulement éviter de mettre en place des constitutions taillées sur mesure en faveur des dirigeants du moment, mais aussi et surtout, fuir comme une peste la tendance actuelle à réviser intempestivement les constitutions pour donner aux dirigeants l’occasion de se maintenir au pouvoir. Les exemples de telles révisions sont légions en Afrique.

      Chez le Muntu, le respect est un des mots-clés dans la recherche d’une vie bonne et heureuse. Dans le cadre restreint de cet article, je me contenterai d’énumérer certains aspects où ce respect doit être de mise :

1.      Le respect des us et coutumes à même de promouvoir la vie et la dignité de la personne. En d’autres termes, il faut respecter la vie.
2.      Le respect des aînés
3.      Le respect de toute autre personne humaine
4.   Le respect de la nature. La vie en symbiose avec la nature menée par nos ancêtres était un souci écologique indéniable. Ne prendre que ce qui sert à la vie de l’espèce humaine et laisser la nature se régénérer pour les générations à venir est un modèle à ne pas oublier. Le développement recherché en Afrique ne doit pas se faire au prix d’une politique qui ignore à outrance les préoccupations écologiques de notre siècle.

5.      Ne jamais considérer les autres êtres humains comme des moyens doit être la règle morale qui guiderait notre action.

2.2.  La responsabilité

      Une personne qui pense est une personne responsable. « La poursuite du bien commun exige de prendre en considération la responsabilité. Être capable de répondre à et de répondre pour selon le premier sens du mot responsabilité devient une qualité appropriée pour exercer sa citoyenneté. Les forces de la responsabilité s’inscrivent dans la promotion de tout projet social contemporain. C’est ainsi que la responsabilité peut être considérée comme un paradigme éthique »[23]. La pensée se fait dans un cadre du dialogue du deux-en-un socratique. Celui pense doit penser par lui-même, de façon conséquente (Cf. Kant). Et une pensée élargie et conséquente est une pensée responsable parce que la personne qui pense ne se limite pas à l’immédiat et à elle même, mais voit aussi le futur et les autres. Nos actions d’aujourd’hui ont un impact sur les générations futures ; nous avons donc la responsabilité vis-à-vis de la postérité. Comment voulons-nous qu’ils se souviennent de nous ? De l’Homo laborans (qui travaille, c’est-à-dire qui fait tout en termes de la survie de l’espèce : nourriture et reproduction), il faut passer à l’homo faber (qui crée des œuvres – non pour la consommation immédiate mais pour le souci de laisser une marque dans l’histoire de l’humanité). C’est ce deuxième niveau qui nous permettra d’atteindre le niveau de l’action où l’africain pourra se révéler au monde. La révélation au monde de la pluralité mondiale est un devoir impérieux pour nous. Le monde est au pluriel et l’africain fait partie de ce monde. On se révèle par la parole et par l’action. Mais l’africain agit-il et parle-t-il dans ce village planétaire pour révéler qui il est ? Comment peut-il se révéler aux autres dans ce concert des nations quand il se plaît à développer ce que j’appelle une « éthique ya lopele » ? Développer une telle éthique c’est condamner les futures générations africaines à la mort lente mais certaine. Nous avons donc une responsabilité par rapport aux générations futures. Le Muntu traditionnel avait bien compris que la bonne ou mauvaise conduite de l’individu a de l’influence sur la bonne ou mauvaise vie de la communauté entière.

      Le problème de responsabilité au Congo soulève aussi celui de leadership[24]. Pour le commun des mortels, il n’y a pas d’éthique en politique. Comment ne pas penser ainsi quand on voit ce qui se passe chaque jour dans l’action des gouvernants. On pourrait penser que la politique est une négation de l’éthique. En tout cas, « la politique n’est pas une négation de l’éthique, c’est une éthique pragmatique et élargie, qui assume un devoir extrêment complexe, coordonner harmoniquement… De l’intériorité au macrocosme politique, une continuité graduelle et procédurale existe dans le même temps, où l’unique doit… devenir un sujet qui conjugue la théorie à la pratique, dans une dialectique concrète et réelle »[25]. L’éthique a une place incontournable en politique. Partout dans le monde, « il y a aujourd’hui une crise de confiance des citoyens dans la capacité des institutions et des hommes d’incarner leurs préoccupations ; une crise du sens même de la politique, de sa capacité d’agir sur le réel. La politique meurt si elle n’est pas porteuse d’espérances, de rêves et d’utopies. On constate un certain désintérêt des citoyens de la ‘chose publique’ »[26]. Le mal qui ronge la politique aujourd’hui c’est la perte des valeurs qui doivent guider l’action de nos politiciens et de la plupart des citoyens. Ce sont, par exemple, les valeurs d’équité, de justice, d’égalité, de liberté, etc. La place est donc laissée aux antivaleurs par manque d’amour des concitoyens. « La responsabilité est la sollicitude, reconnue comme un devoir, d’un autre être qui, lorsque sa vulnérabilité est menacée, devient un ‘se faire du souci’ »[27].

      Si l’on peut se féliciter qu’en Afrique, le nombre des coups d’Etats militaires a sensiblement baissé, la révision des constitutions pour se maintenir au pouvoir est devenue une nouvelle forme d’insulte à la démocratie. L’alternance est évitée à tout prix pour ne pas laisser partir les avantages matériels. Si l’on n’a pas pu changer le train de vie de ses concitoyens après une décennie, par quel miracle va-t-on changer le cours des choses quand on se targue un nouveau mandat promettant monts et merveilles aux mêmes citoyens qu’on a déçus pendant plusieurs années ! Les actes doivent parler.

2.3.  La solidarité

      Si la finalité de l’éthique est le bien vivre de l’homme, ce bien vivre est en même temps individuel et collectif. C’est tout le sens de la solidarité.

      La situation préoccupante et dramatique dans laquelle se trouve plongée l’Afrique aujourd’hui n’est plus à démontrer. Bon nombre d’Africains sont des « laissés pour compte », des « damnés de la terre ». L’indépendance politique –s’il y en a – n’a apporté que misères et tribulations pour la majorité de la population, en lieu et place de la bonne vie escomptée. L’Afrique est, pour reprendre l’expression de René Dumont, « étranglée » ; c’est un enfer, un milieu où il ne fait pas bon vivre, un monde où les droits les plus fondamentaux de l’homme sont méconnus. La violence, l’injustice, la corruption et des maux de tout genre ont pris le dessus sur la paix, la justice, l’honnêteté et les valeurs morales. Les ressources des pays profitent à une minorité des personnes ; celui qui a dix fermes préfère ravir le lopin de terre du paysan. Les populations des campagnes sont exploitées à outrance, les jeunes croient trouver refuge en ville. Comble de malheur, ils retrouvent des conditions on ne peut plus macabres – à telle enseigne qu’ils se demandent si la décolonisation n’a été simplement qu’une façon de déshabiller  Saint Pierre pour habiller Saint Paul. On se rend compte que nos propres frères et sœurs aux postes de pouvoir sont pires que les colonisateurs. Dans cette situation d’incertitude vitale et d’oppression, les uns sont réduits au silence, d’autres sont baillonnés, d’autres encore trouvent le chemin de l’exil à la recherche du bon pâturage. Ce qui est frappant, c’est que la plupart de dirigeants, surtout pour le cas du Congo, ont été formés dans des écoles confessionnelles et paraissent professer leur foi en Jésus Christ. On se demande alors quel l’impact a pu avoir les valeurs chétiennes inculquées à ces monsieurs et dames. Quel est le sens de leur foi ? « La foi est un projet de salut de l’homme en Christ ; elle ne pourrait par conséquent se situer en dehors du lieu et du milieu où se joue le destin de l’homme »[28]. Si le message évangélique vise le salut des humains par la foi en Jésus Christ, ce dernier exige de ceux qui croient en lui de viser le bien. Il y a là une possibilité de faire une connexion avec la morale. La politique comme organisation d’une société des humains vise le bien des membres de la dite société. Il n’y a donc ni contradiction, ni voies parallèles entre foi, éthique et politique. En mon sens, il y a complémentarité. La foi qui vise le salut de l’homme se joue dans une société où certaines valeurs sont de mise pour la bonne marche de cette société ; l’homme doit se conformer à ces valeurs dans ses actions. Ces valeurs sont intégrées en politique pour que le bien visé ne soit pas seulement personnel ou limité à un petit groupe mais à la collectivité toute entière. La simple préoccupation de charité doit être remplacée par un vrai souci de justice.

Conclusion

      A l’heure actuelle, il est impossible de vivre isolé et ne pas vivre cette histoire commune. Mais les défis sont énormes pour ce vivre-ensemble de la communauté mondiale. « Il y a certes mondialisation, mais aussi le fractionnement identitaire »[29].

     Pour réussir, la mondialisation doit respecter la hiérarchisation des valeurs et ne pas inverser les valeurs et les fins. La finalité de ce processus doit être la promotion de tout homme (intégralité) et tous les hommes (universalité). Pour atteindre cet objectif, le processus de mondialisation doit respecter les valeurs finales qui explicitent l’humanité de l’homme, notamment la liberté, la justice, la solidarité et la vérité[30]. Pour travailler à la promotion de toute l’humanité, la mondialisation doit se faire dans le respect de la dignité de l’homme, dans une attitude responsable de tous les acteurs politiques et économiques, et dans la solidarité à tous les peuples et à tout être humain. La mondialisation doit être au service de la liberté réelle de chaque personne humaine, elle ne doit pas se réduire, comme le craignent Paul Cook et Colin Kirkpatrick, à « un processus d’intégration profonde, largement tributaire des activités internationales de valeur ajoutée menées par les multinationales au sein de réseaux établis et gérés par ces compagnies »[31]. Bref la vie ne peut pas s’organiser exclusivement grâce au marché.

      Pour Revault d’Allones, un aspect essentiel de la crise de la modernité est « la tension constamment réactivée entre les visées d’une politique ‘minimaliste’ tout entière ordonnée à la préservation de la vie et de la sécurité des individus et la radicalité d’une politique ‘maximaliste’ qui, dans sa figure extrême, se présente comme une lutte à mort contre les formes réifiées du mal »[32]. Cette politique (et j’ajouterai éthique) minimaliste, c’est ce que j’appelle, pour le cas du Congo, une « éthique ya lopele ». Dans la mesure où « aucune doctrine politique n’est séparable de ses fondements anthropologiques, de son anthropologie sous-jacente », on peut bien expliquer le comportement et l’action de tout politicien dont toute l’anthropologie est fondée sur la préservation de la vie. Là surgit alors la question pour le politicien congolais ou africain dans son approche de la gestion de la res publica. Une anthropologie basée seulement sur la préservation de la vie (nourriture et reproduction de l’espèce) ne peut qu’être dévastatrice pour l’éthique. L’éthique de la mondialisation est, en définitive, une éthique du respect, de la responsabilité et de la solidarité. La situation actuelle avec le coronavirus vient réconforter notre propos. Le petit virus apparu à Wuhan en Chine est devenu un problème qui donne des maux de tête à tous les pays du monde. La réponse ne peut être efficace que dans le respect mutuel des Etats, la responsbilité de tous et la solidarité internationale et nationale.

                                                                                                Prof. OKEY Willy
                                                                                          Professeur des Universités

Bibliographie
ARENDT, Hannah, Condition de l’homme moderne. Traduit de l’anglais par Georges       FRADIER, Préface de Paul RICŒUR, Paris, Calman-Lévy, 2000 (c.1961).

DUMAIS, Monique, Choisir la confiance, Paris, Mediaspaul, 2001.

FANESI, Jonathan, « Ethique et Politique » in www.forma-mentis.net/Filosofia/Contributi/Etique.htm visité le 08 Mars 2008.

HERR, Edouard, « Bible et Mondialisation » in MIES, F. (ed.), Bible et économie. Servir Dieu ou l’argent, Namur – Bruxelles, Presses Universitaires de Namur – Editions Lessius, 2003.

JONAS, Hans, Le principe responsabilité : Une éthique pour la civilisation technologique. Traduit de l’allemand par J.GREISCH, Paris, Cerf, 1990.

MBADU Kia-Manguedi, Charles, Entre la vie et la mort d’un peuple. Urgence de la morale au Congo-Zaïre. Préface de J.M. VAN PARYS, Kinshasa, Ifep, 2008.

OKEY Mukolmen, Willy, Agir politique et banalité du mal.Repenser la politique avec Hannah Arendt. Préface de Nestor MBOLOKALA Imbuli, Morolo, IF Press, 2008.

PENOUKOU, E.J., Eglises d’Afrique. Propositions pour l’avenir, Paris, Karthala, 1984.

REVAULT D’ALLONES, Myriam, Ce que l’homme fait à l’homme. Essai sur le mal politique, Paris, Flammarion, 1999.



*Ce texte a été publie dans la Revue Pensée Agissante, Vol.17, n.33 (juil. – déc. 2010, p.10 – 22. Il est très peu revu pour sa mise en ligne.
[1] M. KAIL, R. SOBEL cités par M. DUMAIS, Choisir la confiance, Paris, Mediaspaul, 2001, p.43.
[2] E. HERR, Bible et Mondialisation in F. MIES (ed.), Bible et économie : Servir Dieu ou l’argent, Namur –Bruxelles, Presses Universitaires de Namur – Editions Lessius, 2003, p. 120.
[3] S. BRUNEL, Qu’est-ce que la mondialisation in www.scienceshumaines.com/qu’est-ce que la mondialisation? visité le 18 décembre 2008.
[4] M. DUMAIS, op. cit., p.43.
[5] Ibid., p. 128.
[6] Cf. ibid., p. 122.
[7] Ibid., p. 128.
[8] H. JONAS, Le principe responsabilité. Une éthique pour la civillisation technologique. Traduit de l’allemand par J. GREISCH, Paris, Cerf, 1990, p. 23-24.
[9] M. DUMAIS, op. cit., p. 43.
[10] M. DUMAIS, op. cit., p.127.
[11] Cf. ibid., p. 145.
[12] Ibid., p. 146.
[13] S. BRUNEL, op. cit.
[14] F. MIES, ed., Bible et économie. Servir Dieu ou l’argent, op. cit., p. 9.
[15][15] J. GREISCH, Présentation in H. JONAS, Le principe responsabilté, op.cit., p. 11.
[16] H. JONAS, Préface de Le principe responsabilité, op. cit., p. 15.
[17] Ibid., p. 40.
[18] E. HERR, op. cit., p. 122.
[19] Lopele (queue de poisson en lingala), du nom de la fameuse danse en vogue chez les jeunes congolais. En décrivant les parties du corps de la personne (partant des parties d’un poisson), on pense que c’est le ventre et la queue (pour ne pas dire indécemment le sexe) qui guident l’action de la personne humaine ; on chante les merveilles du sexe et du ventre. Tout se résume donc dans la préservation de la vie et la perpétuation de l’espèce. Au lieu de la tête, c’est la queue qui fonctionne plus et qui prend même le dessus. (Le Noûs de Platon se voit dribbler par l’épithymia).
[20] VAN PARYS cité par C. MBADU Kia Manguedi, Entre la vie et la mort d’un peuple. Urgence de la vie morale au Congo-Zaïre. Préface de J.M. VAN PARYS, Kinshasa, Ifep, 2008, p. 5.
[21] J. FANESI, « Ethique et Politique » in www.forma-mentis.net/Filosofia/Contributi/Etique.htm visité le 08 Mars 2008.
[22] Ibid.
[23] M. DUMAIS, op. cit., p. 32.
[24] Cf. W. OKEY Mukolmen, Agir politique et banalité du mal. Repenser la politiue avec Hannah Arendt. Préface de Nestor MBOLOKALA Imbuli, Morolo, IF Press, 2008.
[25] J. FANESI, op. cit.
[26] « Ethique et Politique. Vers un nouveau monde citoyen » in www.ideesnouvelles.com/ethique/ethique.html visitéle 11 septembre 2008.
[27] H. JONAS, op. cit., p.26.
[28] E.J. PENOUKOU, Eglises d’Afrique. Propositions pour l’avenir, Paris, Karthal, 1984, p. 43.
[29] E. HERR, op. cit., p. 127.
[30] Ibid., p. 130 – 131.
[31] M. DUMAIS, op. cit., p. 43.
[32] M. REVAULT D’ALLONES, Ce que l’homme fait à l’homme. Essai sur le mal politique, Paris, Flammarion, p. 158.

4 commentaires:

  1. Merci beaucoup cher professeur ! Recevez mes sincères félicitations !

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  2. Merci cher professeur et docteur et félicitations à vous.

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  3. Merci beaucoup professeur et docteur et congratulations à vous !

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